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La pharmaceuticalisation de la lutte contre la tuberculose au Brésil. Circulations de politiques et de savoirs à la lumière des archives et des témoignages de l’OMS et d’autres acteurs de la scène internationale de la santé (1967 à nos jours)

Soutenance de thèse de doctorat en sciences sociales et santé intitulée de Luiz Villarinho

5 novembre 2021, 14h

EHESS, 54 boulevard Raspail, 75006 Paris

Jury

Anete Trajman, professeure titulaire à UFRJ
Bernard Larouzé, directeur de recherche émérite à l'Inserm
Jean Paul Gaudillière, directeur de recherche à l'Inserm et directeur d’études à l’EHESS
Marilena Correa, professeure à l’IMS-UERJ
Mathieu Quet, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), HDR
Maurice Cassier, directeur de recherche au CNRS

Résumé

Au Brésil, depuis les années 1940, avec la découverte de la streptomycine, les médicaments occupent une place centrale dans les stratégies de lutte contre la tuberculose. En 1964 le pays a standardisé un premier schéma d’antibiotiques distribué gratuitement à la population. Et en 1979 l’État prend entièrement le contrôle du marché des tuberculostatiques. La fourniture de médicaments devient le principal bras armé de l’État dans l’opérationnalisation d’un programme national de lutte contre la tuberculose (PNCT) qui devient l’un des foyers d’unification de la politique de protection sociale dans le Pays. À défaut d’avoir pu intervenir efficacement sur les déterminants sociaux de la tuberculose, ce qui dépasse largement son domaine d’action, le PNCT brésilien a construit une politique d’exceptionnalisme autour de l’innovation et de la promotion de l’accès aux technologies de dépistage, traitement et prévention par la vaccination. Une communauté de recherche d’excellence, et une politique étatique autonome de fourniture gratuite de médicaments antituberculeux pour un traitement de masse entièrement standardisé et sans participation du secteur privé font partie d’une longue tradition au Brésil, qui démarque sa réponse de celle des autres pays du tiers monde à charge élevée de tuberculose depuis au moins la seconde moitié des années 1960. L’apogée du PNCT brésilien arrive paradoxalement au moment où la tuberculose disparait progressivement des pays développés. Dans les années 1970 la tuberculose était devenue une maladie délaissée par l’industrie pharmaceutique qui, ne dégageant plus suffisamment de bénéfices sur les marchés des pays riches, se refusait à investir dans le développement de nouvelles molécules antituberculeuses. Par le biais de la co-infection avec le VIH/sida, la tuberculose est réapparue parmi les priorités de santé internationale au début des années 1990. «Urgence mondiale», elle pouvait compter désormais sur la stratégie DOTS qui a effectivement contribué en partie à résoudre le problème d’accès aux médicaments anti-tuberculeux dans les pays en développement. Mais au moment même de l’arrivé du DOTS, au début des années 1990 le PNCT fait face à une grave crise provoquée par les réformes économiques de l’État brésilien. Cette crise a eu de profondes conséquences sur la politique d’accès aux médicaments contre la tuberculose au Brésil. Aujourd’hui, au temps de la santé globale, le pays est à nouveau frappé par une grave crise économique et politique aggravé davantage par la pandémie Covid-19. Dans ce contexte particulièrement difficile d’augmentation de la pauvreté et de mesures d’austérité fiscale, le pays s’est engagé auprès de l’Organisation de Nations Unies à enrayer la tuberculose d’ici 2035 en accord avec les objectifs du développement durable (Plan Brésil sans Tuberculose, 2017). Pour ce faire, assurer une politique pérenne d’accès au diagnostic et au traitement antituberculeux de qualité est indispensable. Dans ce contexte, cette thèse porte un regard critique sur les politiques du médicament mobilisées dans la lutte contre la tuberculose au Brésil depuis ses origines jusqu’à nos jours. En s’appuyant sur des entretiens avec des acteurs majeurs dans le champ de la tuberculose au Brésil, ainsi que sur des archives personnelles, de l’Organisation mondiale de la Santé, de l’Union internationale de lutte contre la tuberculose et de la Casa Oswaldo Cruz (COC/Fiocruz), ce travail propose de décrire la trajectoire de la pharmaceuticalisation contre la tuberculose au Brésil, en s’interrogeant sur les rapports de force entre les propositions des principaux acteurs de la scène internationale de la santé et les solutions locales qui ont été pensées, théorisées et concrétisées par des acteurs brésiliens.

Mots-clés

Tuberculose, anthropologie de la santé, histoire de la médecine, accès aux médicaments, pharmaceuticalisation, santé publique


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