Faire sens du cancer à l’ère de la génomique
Contrat INCa (2018-2021) | Cermes3
Coordinatrices : Claire Beaudevin et Catherine Bourgain, Cermes3
La molécularisation génétique du cancer n'a eu, jusqu'à récemment, qu'un impact limité sur sa prise en charge clinique et sur l'organisation des soins. Mais avec l'essor des thérapies ciblées et des tests génétiques associés, la situation a changé.
Les sciences sociales se sont emparées de cette évolution surtout par l'étude d’essais dans des centres de recherche clinique. Trop peu d'attention a été portée à la génomique des tumeurs comme pratique massive et routinisée. Pourtant, l'importance des contextes cliniques locaux et de la circulation des standards et des technologies pour la fabrique de la biomédecine est aujourd’hui bien décrite.
Ce projet vise à étudier comment l'introduction massive des technologies et connaissances génomiques modifie les manières dont professionnels et patients font collectivement sens du cancer. L’arrivée des technologies génomiques dans le champ du cancer ne saurait être analysée comme un mécanisme de diffusion linéaire depuis la biologie fondamentale vers le patient, mais comme un processus de négociations entre divers acteurs (biologistes, cliniciens, pathologistes, patients, bioinformaticiens, industriels…) À partir des espaces de négociation – plates-formes de génomique clinique, associations de patients et interactions cliniques - notre ethnographie multi-sites se concentre sur trois plates-formes de génétique moléculaire de l'INCa et une plate-forme nationale récente de séquençage à haut débit.
Notre objectif est de produire des données qualitatives fines sur les conditions sociotechniques, épistémiques et organisationnelles qui façonnent l'intégration de la génomique dans les pratiques cliniques en oncologie, sur les expériences et les formes de socialisation de la maladie. Il s’agit à la fois de mettre en lumière des pratiques concrètes du point de vue d'acteurs sous-étudiés et de répondre à la question : « le cancer peut-il être pris en charge comme ‘une maladie génomique parmi d’autres’ » ?
Partenaires : Ashveen Peerbaye (Lisis, Université Paris Est), Marc Billaud (Centre Léon Bérard, Cnrs)