Fabriquer une population locale pour la médecine génomique. Étude sociohistorique et épistémologique des conditions de la constitution de la banque d’ADN du Grand Ouest (France, 1983 – 2017)
Soutenance de thèse de doctorat en épistémologie et histoire des sciences et techniques de Lindzy Tossé
6 septembre 2023
Amphithéatre Denis Escande, IRS-UN, 8 quai Moncousu, 4400, Nantes
Jury
Richard Redon, directeur de recherche Inserm, Unité de recherche de l'institut du thorax (co-directeur de thèse)
Catherine Bourgain, directrice de recherche Inserm, Cermes3 (co-directrice de thèse)
Emmanuel Didier, directeur de recherche CNRS, Centre Maurice Halbwachs, Ecole normale supérieure / EHESS (rapporteur)
Jean Paul Gaudillière, directeur de recherche Inserm, directeur d'études à l'EHESS, Cermes3 (rapporteur)
Claire Beaudevin, chargée de recherche Inserm, Cermes3 (examinatrice)
Stéphane Tirard, professeur d'université, Nantes Université (examinateur)
Résumé
Ces trente dernières années ont vu la création massive de banques d’ADN populationnelles présentées comme un outil indispensable de recherche en biologie et santé. La thèse utilise l’approche des études sociales des sciences, technologies et de la santé en société (STS), incluant observations ethnographiques participantes, entretiens ouverts semi-directifs et analyses documentaires pour étudier pourquoi et comment un institut de soin et de recherche constitue Prego, une banque d’ADN de référence de 5000 donneurs de sang sains natifs du Grand Ouest français en 2013.
L’étude historique retrace les circulations et la stabilisation des savoirs, pratiques et ressources entre clinique, laboratoire et territoire. Elle révèle que les disciplines comme la génétique, l’épidémiologie génétique spatiale et la géographie, et des stratégies de financement et d’appui sur des institutions régionales jouent des rôles d’opérateurs d’ancrage de l’institut sur la région.
L’étude sociologique montre que la forme et le succès de la création de la biobanque dépendent des critères de sélection scientifiques, du type de financement, des contingences matérielles et pratiques propres aux collectes de sang et des tris de donneurs. L’altruisme et la confiance dans les institutions publiques comptent dans la prise de décision des donneurs de sang.
L’étude épistémologique suit le développement par l’institut d’une forme de biomédecine propre autour de la molécularisation de diagnostics de maladies locales, et de la fabrique de populations locales, objets épistémiques dont la transformation en objets techniques lui confère des compétences qui lui permettent d’influencer la médecine génomique nationale.
Mots-clés : Biobanque d’ADN ; Création d'une population de référence native du Grand Ouest ; Maladies cardiovasculaires ; Don du sang ; STS, histoire, épistémologie et sociologie des sciences et de la médecine
